François Vatel & le retard fatal

Pour patienter jusqu’aux premiers invités dévoilés à la rentrée, c’est sur les légendes de la gastronomie que nous allons nous pencher. C’est une certaine Marquise de Sévigné qui fit le récit de l’affaire dans une lettre destinée à sa fille. Cette histoire, c’est celle de François Vatel, un homme si exigeant avec lui-même qu’il préféra la mort à la honte de ne pouvoir servir à dîner à son Roi.

La tragédie du maître d’hôtel de génie

En 1641, nait un certain Fritz Karl Watel. À 15 ans, celui qui se fait désormais appeler François Vatel refuse de suivre les traces de son père laboureur et préfère entrer en apprentissage chez Jehan Heverard, pâtissier-traiteur.

Son talent et sa détermination le mènent jusqu’aux cuisines de Nicolas Fouquet, le surintendant de Louis XIV, puis aux côtés du Prince de Condé. Nommé contrôleur général de la bouche, il est en charge de l’organisation, des achats pour les repas et banquets, des plans de table et menus du château de Chantilly.

Le 21 avril 1673, le Roi Soleil accepte enfin l’invitation du Prince de Condé qui était jusqu’alors en disgrâce. Dans l’espoir de briller à nouveau aux yeux du roi et de sceller leur réconciliation, le Prince charge Vatel d’organiser de fastueux festins pour cette fête qui doit éblouir la cour de Versailles trois jours durant.

Deux jours après le début des festivité, le maître d’hôtel a la lourde tâche de servir à dîner aux 25 tables de convives. Malheureusement, le rôti vient à manquer et certains invités en sont privés. Bouleversé, Vatel qui n’a pas fermé l’œil depuis une douzaine de jours demande à Gourville, son second, de prendre la suite. L’officier de bouche ne cesse de répéter que ne pouvant servir tout le monde, il a perdu son honneur. Le Prince, qui a vent de l’affolement de son maître d’hôtel se rend dans sa chambre et lui assure qu’il n’a pas à s’en faire, que le repas était excellent et les hôtes séduits.

Le lendemain, afin de laver l’affront subi la veille, Vatel décide de servir un repas composé de carrelets, limandes et autres produits de la mer. Dès l’aube, il attend sa commande de poissons. Le livreur ne se présente qu’avec deux paniers. Il attend quatre heures de plus espérant qu’on lui remette le reste. Ne voyant rien venir, il trouve son second et lui dit :

« Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci, j’ai de l’honneur et de la réputation à perdre. »

Francois Vatel se rend dans sa chambre et s’empale à trois reprises sur son épée. Le dernier coup lui sera fatal. Au même instant, dans les cuisines, la marée décharge des caisses et des caisses de poissons.
La marquise de Sévigné écrira :

«M. le Prince dit au roi fort tristement : « On dit que c’était à force d’avoir de l’honneur à sa manière. »

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François Vatel se donnant la mort avec son épée

Cette funeste fin fera du malheureux une légende de la gastronomie, pionnier du burn-out.

À lundi prochain pour une autre légende de la gastronomie !

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