Danièle Mazet-Delpeuch et les plaisirs du palais présidentiel

Danièle Mazet-Delpeuch ne s’était pas destinée à la cuisine. Son premier fourneau, elle ne l’approchera qu’à 19 ans, alors jeune mariée. S’en suivra une ascension fulgurante l’amenant à côtoyer les plus grands chefs, jusqu’au chef de l’État.

Des terres périgourdines à la conquête de l’Amérique

Si Danièle n’a commencé à cuisiner qu’à l’approche de la vingtaine, son enfance a été marquée par les plats de ses aïeules : une cuisine paysanne par sa grand-mère et plus raffinée par sa mère.
Afin de subvenir aux besoins de sa jeune famille modeste, la jeune femme décide d’élever des oies afin de vendre son propre foie gras. Elle s’essaie ensuite aux pâtés, confits et autres produits issus de son terroir.
Son succès grandissant lui donne alors l’idée de faire venir des gens afin qu’ils goûtent ses préparation. La trentaine à peine entamée, elle ouvre dans le Périgord l’une des premières maisons d’hôtes. La réputation de ses préparations n’est plus à faire et l’on se bouscule à sa porte, venus du monde entier.

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Photographie issue de l’émission Mille et une vies consacrée à Danièle Mazet-Delpeuch

En 1982, huit ans après le début de cette nouvelle aventure, le couperet tombe de la part des impôts. Danièle est criblée de dettes et décide de partir aux États-Unis pour s’éloigner de ses malheurs. La jeune femme cumule les handicaps : elle ne parle pas un mot d’anglais et est sans le sous. Loin de se décourager, elle se relève et décide de donner des cours de cuisine aux américains alors très demandeurs. Les succès s’enchaînent et lui permettent de revenir en France afin d’honorer ses dettes.

«Donnez-moi le meilleur de la France»

francois mitterrand

C’est un important coup de téléphone qui va bouleverser la vie de Danièle Mazet-Delpeuch. Le Président de la Chambre Syndicale de la Haute Gastronomie Française l’appelle et lui annonce qu’un haut-fonctionnaire français est la recherche d’une cuisinière. C’est au 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, au Palais de l’Élysée qu’elle pose ses valises. Le haut-fonctionnaire n’est autre que François Mitterrand, le Président de la République.

En 1988, Danièle, qui n’en est pas à son premier défi, devient la première femme à s’occuper des cuisines privées de la résidence présidentielle.

Le Président ne veut plus de la cuisine ampoulée des chefs, il souhaite une cuisine du terroir, simple et élémentaire. Ses directives sont claires :

«Si vous me faites la cuisine de ma grand-mère, je serais très heureux»

La mission de Danièle est de rassurer et réconforter le Président à travers sa cuisine. Son respect de la fonction, son goût du défi et sa naïveté (de son propre aveu), lui évitent de tomber dans les pièges de ceux qui la jalousent à l’intérieur même du palais présidentiel.
Après deux ans au service d’un Président comblé qui lui a accordé toute sa confiance, elle décide de raccrocher le tablier et quitte tout pour cuisiner le plus loin possible, en Antarctique.
Son histoire a été immortalisée au cinéma dans les saveurs du palais de Christian Vincent, où Catherine Frot l’incarne à merveille et Jean d’Ormesson joue le rôle d’un Président exigeant.

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Les saveurs du Palais – Christian Vincent 

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