Ravigote, c’est une rencontre, un coup de pied au cul, un nom qui vient comme une évidence. Ravigote, c’est surtout une aventure qui ne se vit pas au singulier. Alors, j’ai dérogé à la règle et j’ai raconté l’histoire que Marie-Laure et Xavier m’ont racontée, à deux.
Ravigote & anecdotes
Xavier a grandi chez sa grand-mère, dans une maison où les casseroles mijotaient nuit et jour. C’est sans aucun doute ce qui l’a poussé à se lancer dans la cuisine à 16 ans. Après son BEP, il enchaîne les saisons entre mer et montagne. C’est à Lyon, en 2005, qu’il pose ses valises pour commencer un apprentissage au Sofitel en desserts de restaurant. Il veut connaître tous les aspects de la restauration et passe de bistrots en gastros. Mais surtout, c’est dans la capitale des Gones qu’il rencontre Marie-Laure, bourguignonne d’origine, photographe de formation, qu’il suit jusqu’à Paris.
Après quelques années, la ville lumière ne brille plus autant. Xavier s’ennuie dans des cuisines qui ne sont pas les siennes, à travailler avec des gérants qui ne le comprennent pas, avec des produits qu’il ne choisit pas. Marie-Laure veut partir aussi, il est temps de (re)faire ses valises. Et puis surtout, il y a l’envie de fonder une famille, partout sauf à Paris…
Parce que c’est la ville de leur rencontre, parce que la famille est proche, c’est Lyon qui remporte les suffrages. L’idée d’avoir son propre restaurant commence à germer dans l’esprit de Xavier. Mais l’appréhension est encore grande. C’est Marie-Laure qui va lui mettre ce qu’il qualifie de gros coup de pied au cul. « Lance-Toi ! ».
Et voilà, c’est parti. Ils découvrent un local au 76 rue Mazenod et s’y accrochent comme des moules sur leur rocher. Tout est allé très vite. Administratif, travaux, recherche de partenaires… les peurs s’effacent face à l’ampleur du travail.

Ils commencent l’aventure à trois, avec le beau-frère, Philippe. De fil en aiguille, la famille et l’équipe s’agrandit. Ils s’orientent vers des producteurs locaux et ne veulent travailler qu’en circuit court. Xavier écume les marchés pour dénicher celles et ceux qui les fourniront. Il tombe par exemple sur Cyril Pyod, agriculteur à Trevoux, qui a un stand sur la Place Guichard. Il l’informe qu’il a ouvert un restaurant juste à côté, et qu’il cherche des produits locaux, de saison. Ce dernier, rude et bougon aux premiers abords lui répond : “reviens me voir, moi je ne livre pas “. S’il n’y a pas eu l’évidence de la première rencontre, le producteur devient pourtant un grand ami du couple. Preuve ultime de leur amitié, il lui arrive même d’envoyer à Xavier des photos de légumes fraîchement cueillis et mis de côté pour lui « J’ai des mini-fenouils, est-ce que je te les garde ?”.
La Mère Poularde était connue pour faire patienter ses clients avec une omelette. Ici, c’est une grande tranche de pain de campagne accompagnée de sauce ravigote. Le nom est tout trouvé. En plus d’évoquer la cuisine généreuse qu’ils aiment tant, il rappelle aussi ce petit côté réconfortant « ça ravigote ! » qui convient parfaitement à leur cantine créative. Même s’ils avouent volontiers qu’en trois ans, la tête de veau n’a été servie que deux fois…

Aujourd’hui Xavier ne regrette pas le fameux coup de pied au cul de Marie-Laure, bien au contraire. Ils ont des projets plein la tête, veulent continuer à travailler avec des petits producteurs locaux et lancent même un appel : « Si vous avez de bons produits et des bons vins, venez nous voir ! ». Les derniers mots de l’histoire qu’ils m’ont racontée allaient à celles et ceux qui les ont suivis dans leur aventure : « Nous voulons terminer en remerciant notre équipe. Elle est au top. Nous avons beaucoup de chance. Nous fonctionnons comme une petite famille ! C’est une team de winner. Un grand merci à eux ! ».

Retrouvez Marie-Laure et Xavier dans leur restaurant, le Ravigote au 76 rue Mazenod à Lyon
2 commentaires Ajouter un commentaire